Du temps pour rêver et se reposer…

Du temps pour rêver et se reposer…


À l’inverse, certains moments dans le jeu de l’enfant peuvent être mis sur le compte de l’ennui alors même qu’ils n’en sont pas et qu’ils constituent des temps utiles à l’enfant. Les adultes ont parfois l’impression que l’enfant qui ne bouge pas ou peu est inactif, ou que celui qui ne montre pas d’intérêt manifestement perceptible s’ennuie. C’est par l’observation qu’une distinction peut être faite entre ennui et rêverie dans le jeu du jeune enfant.
Attardons-nous à observer Sarah, âgée de 6 mois. Elle prend un plaisir évident à s’attraper les pieds, tout en laissant percer ses émotions. Son attention se déplace vers un chiffon qui se trouve à sa portée. Le regard ouvert et curieux, elle s’en saisit, le manie avec délicatesse, semble s’intéresser aux effets du frottement de celui-ci sur son visage. Après quelques essais répétés, elle suspend son action ; détendue dans tout son corps, son esprit paraît vagabonder. Quelques instants après, elle revient à son objet d’intérêt et poursuit son action.
Pour l’observateur, ces temps peuvent évoquer des moments d’ennui ; ce sont en fait des temps de rêverie que les enfants s’accordent au cours de leurs jeux.
L’observation d’enfants libres dans leur jeu montre que les séquences d’activité dans lesquelles ceux-ci s’engagent sont entrecoupées de pauses et de moments de rêverie. Lors des temps de repos, l’enfant revient parfois à la position allongée, ou bien il pose alors sa tête sur le sol plus ou moins longtemps pour reprendre ensuite son activité ou en entreprendre une nouvelle. Lors des moments de rêverie, on voit que l’enfant, jusqu’alors engagé dans son action, va de lui-même interrompre son jeu ; sa pensée se plaît alors à vagabonder. Ces temps, qui rythment les périodes d’activité intense, ont leur fonction et se révèlent structurants dans le jeu de l’enfant dans la mesure où ils participent à l’élaboration de son espace intérieur et soutiennent également un processus d’autorégulation.