les enjeux du jeu ...

( compte -rendu de l'intervenante lors de la soirée-debat à Ancenis )

Jeu imaginaire, jeu éducatif… les enjeux du jeu


Qu’est-ce que le jeu ?

a.Définition

Plusieurs auteurs s’accordent à dire que pour qu’une activité puisse être appelée jeu, elle doit remplir 4 critères avec une seule fonction : le plaisir
il faut que l’enfant s’y inscrive de façon spontanée (volontaire, libre choix)
elle doit être non contraignante (aucune obligation, il doit pouvoir s’arrêter quand il veut…)
l’enfant doit y être actif (contrairement aux temps de flâneries, de TV…)
cette activité de jeu est une fin en soi où le seul but est de jouer

Le but final du jeu dans un monde d’enfant devrait être de prendre du plaisir Mais le monde adulte a tendance à donner au jeu un autre sens et d’autres objectifs éducatifs.

b.ce que le jeu permet de développer

Cependant, bien que le but recherché dans le jeu ne soit pas d’apprendre, il permet à l’enfant de développer des capacités dans différents domaines.

D’un point de vue moteur, le jeu est pour l’enfant l’occasion de s’exercer à des activités motrices de plus en plus complexes, d’affiner ses gestes, ses comportements et d’adapter ses conduites à son environnement.

D’un point de vue intellectuel, le jeu est l’occasion pour l’enfant d’apprendre à mettre en œuvre des stratégies pour résoudre des problèmes, trouver des réponses adaptées à une situation

Le jeu est également le lieu privilégier au développement du langage, du vocabulaire, puis progressivement de l’expression de soi

D’un point de vue affectif, le jeu permet à l’enfant de se découvrir, d’apprivoiser ses émotions, ce qu’il ressent, de construire ses opinions et de s’affirmer.

Du point de vue de la socialisation, le jeu est l’occasion pour l’enfant de se confronter aux contraintes de la vie sociale et de les intégrer. Au cours du jeu, il s’agit également du vivre avec les autres, au milieu des autres. Cela implique d’apprendre à accepter les règles, les contraintes, le cadre…. En apprenant à accepter ces limites dans le contexte du plaisir où l’enfant est volontaire pour y participer, il est dans une place d’acteur. Ces règles ne sont pas subies mais au contraire l’enfant peut plus facilement intégrer leur nécessité pour le bon fonctionnement du groupe. Il peut expérimenter le fait que ces règles garantissent que l’activité se déroule dans un climat de plaisir. L’enfant est alors lui-même garant du respect de celles-ci.

C’est dans la découverte de lui-même et de son environnement sur tous ces plans que l’enfant prend du plaisir à jouer.
Les jeux de création en sont une bonne illustration, la découverte de leur pouvoir imaginaire, créatif est source d’un plaisir important.

Evolution du type de jeu au cours du développement de l’enfant

a.Entre 0 et 2 ans, le type de jeux qui domine est le jeu d’exercice (motricité)

Au travers de ces jeux d’exercice, l’enfant expérimente les sensations corporelles, mesure ses forces. Il s’agit des jeux comme mains/pieds, hochet, jeu du miroir, jeu de destruction.

Il part à la découverte de son environnement ( 4 pattes, productions de sons, prise de courant…)

- L’enfant va progressivement pouvoir considérer l’autre comme un partenaire auquel s’opposer, avec lequel négocier et coopérer ( jeu du coucou, comptines, livres d’histoires…)


b.Entre 3 ans et 6-7ans, le type de jeu dominant est le jeu dit « symbolique » ou jeu d’imagination, de fiction

à ce stade, l’enfant est capable de se représenter les objets, les personnes ou les situation absentes. Cette capacité de représentation va lui permettre de rejouer sur le plan imaginaire des situations réelles en les modifiant et en les rendant plus acceptables pour lui.

L’enfant part de ce qu’il vit dans son environnement pour répéter des scènes en s’essayant à différents rôles (papa, maman, cow boy, astronaute…), en s’autorisant la transgression (les jeux de destruction = décharge d’agressivité normale)


c.Entre 4 et 9 ans, l’enfant multiplie les jeux de prouesse qui lui permettent de s’affirmer non plus sur la scène imaginaire mais dans la confrontation à) la réalité, aux contraintes de l’environnement (il s’agit de jeux comme la bicyclette, la balançoire, construction d’une grande tour…) L’enfant se lance des défis.


d.Entre 4 et 7 ans mais prédominants entre 7 et 11 ans, les jeux de règles apparaissent.

ces jeux nécessitent que l’enfant accepte des normes, des règles imposées par le caractère collectif d’une activité (il s’agit des jeux tels que les jeux de compétition, les jeux de billes, les jeux de société…)

Dans le pratique de ces jeux, l’enfant va apprendre à s’adapter aux autres, à les respecter, à développer un sens moral.


Conclusion :Pour l’enfant, le but du jeu est de prendre du plaisir ; la source de ce plaisir évolue avec l’âge :
Chez le jeune enfant, le but du jeu est de prendre du plaisir dans le sentiment qu’il a de pouvoir maitriser son environnement et ses règles.
En grandissant, le plaisir que l’enfant prend dans le jeu naît davantage de l’expression de soi et dépend de plus en plus de l’existence de règles sécurisantes pour lui, qui garantissent le respect de la place de chacun dans le jeu.

A chaque âge les jeux auront des finalités différentes et les enfants prendront du plaisir dans le jeu parce que celui-ci leur permettra de se découvrir seuls et dans leur rapport aux autres.

La place de l’adulte dans ce monde du jeu

a.Pour l’enfant le but du jeu est de jouer pour le plaisir
L’adulte aurait tendance à détourner ce but en promouvant le caractère éducatif du jeu. Si le jeu est source d’éveil, il ne devrait pas être utilisé dans ce but d’apprendre.
En tant qu’adultes comment faire pour distinguer jeu et éducation ?

b.Pour l’enfant le jeu est un moyen de découverte et d’expression de soi.
La présence de l’adulte lui est nécessaire pour l’accompagner dans cette découverte de soi sans pour autant restreindre sa liberté d’imagination, son espace de création.
En tant qu’adulte, comment faire pour être présent sans s’imposer, trouver un équilibre entre présence et absence dans le jeu de l’enfant ?

c.Pour l’enfant, le jeu est l’occasion de se confronter à la difficulté.
Le regard, le soutien de l’adulte va permettre à l’enfant d’oser, d’expérimenter, de persévérer, de gérer l’échec. En tant qu’adulte comment faire pour qu’il parvienne à faire face à la difficulté ?



La question de la sur activité, du temps libre et de l’ennui

L’enfant, ne l’oublions pas est en cours de construction, aussi bien physique que psychique. Pour cette construction, il a besoin de se poser pour intégrer les nouveautés, accepter les contraintes imposées par la vie sociale, par les parents mais aussi accepter les contraintes et les limites internes à lui-même.

Si l’enfant est toujours en action, toujours sollicité, il n’est jamais face à lui même.

Pourquoi en tant qu’adulte avons nous toujours besoin de le savoir occupé ? Rassasié ?
Pourquoi est-ce difficile de se trouver face à un vide ? Si l’enfant n’a jamais de vide, de temps sans rien de précis ou d’imposé, il ne peut pas apprendre à s’occuper, il ne peut pas apprendre à apprécier d’être maître de son temps. Il ne peut pas apprendre à se satisfaire de lui-même.
Toujours apporter les réponses avant même que les questions soient imposées, c’est finalement entretenir ce sentiment d’insatisfaction permanente.

a.J’en arrive à la question du temps libre, de l’ennui.

Un modèle de l’état d’ennui est celui de l’enfant qui reste des heures devant ses devoirs sans pouvoir se décider à les faire et s’ennuie. Il peut rêvasser, penser qu’à la place, il pourrait jouer, mais lorsque le temps lui est donner de jouer, il ne sait pas quoi faire et s’ennuie tout autant.
La réponse pourrait peut-être être de l’autoriser à ressentir un « j’ai envie de ne rien faire » sans s’en sentir coupable ou dépressif.

Dans l’ennui, la personne se sent comme abandonnée par les choses et fait appel à l’autre pour répondre à son « je ne sais pas quoi faire ». L’enfant qui vous adresse ce je ne sais pas quoi faire » attend de vous que vous puissiez lui indiquer quels sont ses désirs : mission impossible. Finalement, l’ennui, c’est souvent un malaise qui nous pousse à chercher une satisfaction, une distraction, une réponse venant de l’extérieur pour combler un vide intérieur, une question intime.
Or cet espace vide, ce temps libre est progressivement apprivoisé et permet le développement et l’expression de l’imaginaire et de la créativité. Le dessin, les jeux d’imitation… sont autant de moyens de découvrir le monde extérieur et son monde intérieur. La maison constitue un lieu privilégier à l’expression libre.


b.Un dernier point que je souhaitais aborder :

Dans une société où le loisir, le ludique est survalorisé, on vend du loisir, on consomme du ludique. L’enfant est une cible, un consommateur comme ses parents. Certes, il est demandeur car tellement sollicité que l’on fait naître l’envie. Mais de quoi a-t-il besoin ? Est-ce que touts ces objets lui garantiront de ne jamais s’ennuyer ? N’est-ce pas notre rôle que de l’aider à se satisfaire sans tous avoir ?
Finalement, la question centrale ne serait-elle pas : Comment lui apprendre à être acteur de son plaisir cad en ne subissant pas des activités mais en s’autorisant à les créer, à les inventer ? Prendre du plaisir à prendre du temps pour soi.

Marine Rabillard

Conclusion :Pour l’enfant, le but du jeu est de prendre du plaisir ; la source de ce plaisir évolue avec l’âge :
Chez le jeune enfant, le but du jeu est de prendre du plaisir dans le sentiment qu’il a de pouvoir maitriser son environnement et ses règles.
En grandissant, le plaisir que l’enfant prend dans le jeu naît davantage de l’expression de soi et dépend de plus en plus de l’existence de règles sécurisantes pour lui, qui garantissent le respect de la place de chacun dans le jeu

.

merci adèle je vois que c'était fort instructif :merci:

les jeux on vraiment une part essentielsdans le développement de l'enfant et l'aide à créer des liens avec les autres